CHAIR BLEUE




Work :

_ Bois noir 

_ Phantoming the way - théâtre d’apparitions
_ Respiration Cellulaire
_ Chez les Gens



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_ Kesshu

 (collaboration with @Sti)


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CHEZ LES GENS

(... to 2025)

(FR)


Au fil de mes missions professionnelles, j’ai été amené à entrer dans l’intimité des foyers.

Je travaille dans le bâtiment, chargé d’évaluer l’état des logements collectifs afin de proposer des solutions techniques de rénovation thermique et énergétique. Mon rôle est d’accompagner les occupants vers des innovations respectueuses des enjeux écologiques actuels. Pourtant, cette ambition se heurte souvent à la réalité de leur quotidien.

Derrière des portes accueillantes et des sourires bienveillants, je découvre des intérieurs figés dans le temps, témoins de modes révolues et de pratiques oubliées. Ces foyers, loin de l’évolution rapide de notre société, semblent des capsules temporelles, où les traces d’un passé négligé s’entassent, comme des strates d’un monde qu’on a préféré ignorer.

« Chez les gens », ce sont des fragments de vies capturés dans des espaces où chaque objet, chaque couleur délavée raconte l’histoire d’un quotidien en sursis. Ces intérieurs décrépits sont à la fois des cocons et des prisons, reflet d’un immobilisme imposé par le manque de moyens et l’indifférence collective.

Avec le temps, ma perception a changé. Ce que je voyais d’abord comme une simple tâche technique s’est révélé être le théâtre d’un drame social silencieux. Ces habitants, souvent impuissants, ne peuvent plus adapter leur habitat à des normes qui les dépassent. Ils se retrouvent exclus des ambitions de modernisation qui ne tiennent pas compte de leur réalité. Un jour, ils seront contraints de quitter ce qui a été, pendant des décennies, leur refuge, expulsés toujours plus loin en marge de la société.

Ces logements, ces lieux de vie en décomposition, deviennent des salles d’attente où le temps s’étire et se résigne. Les couleurs autrefois vives sont fanées, les espaces autrefois vivants semblent en veille. Mais derrière cette apparente résignation, il y a un attachement profond à ces lieux, où les souvenirs sont ancrés.

Ceux qui y habitent n’ont plus grand-chose à perdre, et ils livrent sans retenue leur attachement à ce qu’ils ont construit, à ce qui était autrefois porteur d’espoir. Mais cet espoir semble aujourd’hui éteint, et l’avenir, incertain, se dessine dans des ombres floues.

Ils attendent.



(EN)



Throughout my professional missions, I have been led to enter the intimacy of people's homes.

I work in construction, tasked with assessing the condition of collective housing units to propose technical solutions for thermal and energy renovations. My role is to guide occupants towards innovations that respect current ecological challenges. Yet, this ambition often clashes with the reality of their daily lives.

Behind welcoming doors and kind smiles, I discover interiors frozen in time, witnesses to bygone fashions and forgotten practices. These homes, far from the rapid evolution of our society, seem like time capsules, where traces of a neglected past accumulate, like layers of a world we preferred to ignore.

"In people's homes," these are fragments of lives captured in spaces where every object, every faded color, tells the story of a daily life in limbo. These dilapidated interiors are both cocoons and prisons, reflecting an immobility imposed by lack of means and collective indifference.

Over time, my perception has changed. What I initially saw as a simple technical task revealed itself to be the stage for a silent social drama. These inhabitants, often powerless, can no longer adapt their homes to standards that exceed them. They find themselves excluded from modernization ambitions that do not consider their reality. One day, they will be forced to leave what has been, for decades, their refuge, pushed ever further to the margins of society.

These homes, these decaying living spaces, become waiting rooms where time stretches and resigns itself. Colors once vibrant are now faded, spaces once lively seem dormant. But behind this apparent resignation, there is a deep attachment to these places, where memories are anchored.

Those who live there have little left to lose, and they openly express their attachment to what they have built, to what was once a beacon of hope. But that hope seems extinguished today, and the future, uncertain, is drawn in blurry shadows.

They wait.



(extract from archives)